iaïdo, l'art vivant du sabre japonais


« Pratique formelle, esprit informel »

Musô jikiden Eïshin ryû iaïdô

Un art de vivre ouvert à toutes et à tous, et à tout âge (≥ 18 ans).

Stage d’enseignants (min. 7e dan), dirigé par Esaka H. Seigen (1926-2023), Hanshi 10e dan, vice-président de la fédération japonaise de iaïdo (ZNIR). Matsudo dojo, 1993-96.

Le iaïdo se présente sous forme d'engagements qui s’éprouvent envers des partenaires-adversaires imaginaires, selon des scénarios appelés kata. Recherche de l'unité du corps, du cœur et de l'esprit... “Déploiement” de présence... Voie relationnelle...

L'art

Le iaïdo s'ouvre au questionnement infini de l'art zen (comme la voie du thé chadô ou de la calligraphie shodô). Le vécu de l’entrainement prime. L'activité est poursuivie pour la qualité de l'expérience qui se manifeste à travers la sobriété du geste. Les capacités exceptionnelles d'attention développées par l'exercice nous ouvrent à la situation en puissance, de sorte qu'une perspective toujours renouvelée s'offre à nous. L’efficience, « peu d’effort, beaucoup d’effet », est donnée de surcroit ; ce qui s’apprend c’est la simplicité.

Et la manière

D'origine chevaleresque, le style Muso jikiden Eïshin ryu iaïdô (MJER) - appelé communément Eïshin ryu - nait au Japon du XVIIe siècle. Le iaïdo, c’est d’abord couper en dégainant. Ce geste, qui s'effectue d'ordinaire en deux phases (dégainer, couper), permet de gagner un temps infime mais vital pour contenir une attaque. À partir de variations multiples, la technique devient une tactique visant à prévenir une offensive, quand la tendance du mouvement est déjà dans son ébauche. Une expression consacrée en résume le motif : « Le meilleur sabre est celui qui reste au fourreau (saya no uchi) ». Une éthique est née. Pour dépasser leurs peurs, des samouraïs rencontrent le zen...

Philippe SABATIER

Kyôshi 7e dan (2003). Élève d’Esaka H. Seigen.
- Direction de stages. Coaching d’enseignants et de kenshi avancés à l’international (Europe, États-Unis). Démonstrations, conférences, tables rondes.
- Conseiller (Advisor) auprès de l’International Iaido Preservation Society (KIHK), États-Unis.
- Didacticien en formation pour adultes, coach professionnel et sportif (master UBO), préparateur mental (sophrologue).

« iaïdô, l’art vivant du sabre japonais »
Ouvrage technique (500 photos), didactique, interculturel et philosophique.

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ISBN : 9782746655027, 2013. Licence Creative Commons BY-NC. 210 pages 21 x 29,7 cm. 0,8 kg. Dos carré collé PUR, papier couché satiné. 29,90 € (pas de frais de port).

     Avec l’unification du Japon (à partir de 1603), une paix relative s’installe, durant laquelle les batailles font place à l’entrainement, au développement culturel et à des fonctions civiles pour les samouraïs. Ils contribuent à l’évolution de la voie du thé, de la calligraphie, des jardins, de la poésie, du théâtre, etc. La voie du sabre devient un art de vivre.
Cela dit, de nos jours comme hier, divers courants existent. « En acceptant ses limites, on devient sans limite », enseignait Dôgen Zenji, fondateur de l’école zen Soto. La voie est là où nous sommes - « Pratique formelle, esprit informel ».

    IAÏDO est composé de trois idéogrammes : 居合道. 居 I - les êtres, l'être. 合 Ai - la relation, l’harmonie, l’unité. 道 Do - la voie, le chemin. Iaïdo : la voie de la relation avec les êtres, la voie de l'unité de l'être. La langue japonaise ne distingue pas, ici, le singulier du pluriel, la pratique non plus. Chacun est unique et non séparé des autres au sein de la biosphère.

Paroles de samouraïs

Le samouraï le plus connu de l’histoire du Japon est Miyamoto Musashi (1584-1645), reconnu aussi comme peintre, calligraphe et potier. Dans son écrit : le Traité des cinq anneaux (Go rin no sho), il se réfère, pour illustrer sa voie de la stratégie (Niten ichi ryû), aux cinq éléments : terre, eau, feu, vent et vide (ou ciel).
Dans le chapitre « Terre », il pose les bases de l’entraînement :

1) Penser à ce qui ne dévie pas de la voie.
2) Trouver la voie dans l’entraînement.
3) S’intéresser à tous les arts.
4) Connaître la voie de chaque métier.
5) Savoir apprécier les avantages et les inconvénients de chaque chose.
6) Apprendre à juger la qualité de toute chose.
7) Percevoir ce qui n’est pas visible.
8) Être attentif aux moindres détails.
9) Ne rien faire d’inutile.

Et de conclure, dans le chapitre « Vide » : « Concevez la vacuité (ku) comme voie et voyez la voie comme vacuité […]. Le savoir existe, le principe existe, la voie existe et l’esprit, lui, est vacuité. »

Contemporain de Musashi, Yagyu Munenori (1571-1646) est maître d’armes et conseiller particulier du shôgun Tokugawa Iemitsu, qui dirige le pays. Il a pour maître zen le moine Takuan Sôhô, avec qui il entretient une correspondance régulière, et dans son traité de stratégie, le Heihô kadensho, cette ascendance est éminemment présente : « Si vous répétez les différentes pratiques jusqu’à épuisement et gagnez en qualité dans votre discipline en pratiquant et en vous entraînant intensément, l’action viendra de votre corps et de vos membres et non plus de votre esprit. En vous distançant de la pratique, vous n’aurez aucun compte à lui rendre, et vous réaliserez chaque technique en toute liberté. À ce point, vous ne saurez pas où se situe votre esprit, et nul démon ni hérésie ne pourront plus l’atteindre… Telles sont les pratiques qui permettent d’arriver à l’état de muga [le non-moi]… Ceci est le sens ultime de toutes les voies. » Yagyu Munenori étendra son art à d’autres aspects de la vie : connaître les principes d’une relation pour limiter les conflits, notamment avec nos amis ; savoir harmoniser l’intérieur d’une maison ; appliquer les principes essentiels des arts chevaleresques aux affaires de l’État ; apprécier le jeu d’acteurs d’une pièce de théâtre nô, etc.

Il fut d’ailleurs à bonne école avec son père, Yagyu Sekishusai Muneyoshi, fondateur de l’école de sabre Shinkage ryû. Dans un de ses traités (Motsujimi shudan kudensho), Sekishusai dit ceci : « Chaque fois que le sabre se place en garde il est appelé le sabre instrument de mort (satsuninto). Lorsqu’il n’est pas en position de garde il est appelé le sabre source de vie (katsujinken). Le sabre en position de garde tranche dans l’opposition et la supprime ; lorsqu’il n’est pas en position de garde il donne vie à l’opposition et porte alors le nom de sabre source de vie. »

Quant à Takuan Sôhô, peintre et poète, il fut le maître zen de l’école Rinzai le plus important du XVIIe siècle de par son influence politique et ses nombreux écrits, qui se caractérisent par son enseignement adapté à la vie de ses interlocuteurs.

Renseignements

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